Jean-Jacques Rousseau est un réalisateur belge de cinéma, né à Souvret (Courcelles, Belgique) après la Seconde Guerre mondiale. Il refuse de donner sa date de naissance et de montrer son visage, de peur que les médias déforment son image. Il considère la révélation de son identité comme une fin. Il défend un cinéma populaire au sens premier du terme, fait de budgets limités avec des acteurs non professionnels. Ses films voyagent entre réalisme et surréalisme. Son œuvre témoigne en direct de l’apprentissage du cinéma et de la création/constitution de son propre langage par un cinéaste.
Voilà un personnage hors du commun ! Fou de cinéma, underground à sa manière, ce réalisateur qui ne filme jamais sans sa cagoule est surtout un homme au grand cœur. JJR a un univers qui ne ressemble à aucun autre, unique en son genre, unique au monde. Il déroute, fait rire, bouscule les conventions et filme envers et contre tout et tous. Ses films sont des ovnis. Il entraîne dans son sillage une troupe d’acteurs, d’artistes qui, au travers de ses films, bouscule avec lui les codes du cinéma. Tous se marrent bien et forment une vraie famille. Si des gens aussi prestigieux que Jan Kounen, Noël Godin et Eric Naulleau soutiennent son cinéma, c’est un grand pied-de-nez à tous ses détracteurs.
Il défend un cinéma populaire au sens premier du terme, fait de budgets limités (de 200 à 2 500 € par film), avec des acteurs non professionnels. Il s'est autoproclamé "Cinéaste de l'Absurde".
Ses films voyagent entre réalisme et surréalisme, et font les beaux jours des festivals de cinéma de genre.
JJR est un réalisateur belge underground. Très underground. Porté sur l'étrange, il réalisa à ses débuts quelques films fantastiques. Quelques-uns de ceux-ci remportèrent, malgré l'inexistence récurrente de moyens financiers et techniques, quelques prix régionaux dans les années 70 (prix du public, meilleur scénario), récompenses assez modestes mais qui laissaient présager les talents du jeune cinéaste.
JJR tourne seul, habité par son besoin de cinéma. « Je ne vis pas du cinéma, dit-il, mais j'ai besoin du cinéma pour vivre ». Autodidacte, il a financé, monté, joué, sonorisé la majorité de ses films avec la seule force de sa débrouillardise, de son imagination et des rencontres. Bien conscient qu'il ne pourra ni concurrencer les films traditionnels ni égaler les films du box-office US, Rousseau va progressivement développer son propre style : baroque, granguignolesque, absurde, du surréalisme peint sur une toile de réalisme. C'est un cinéma ambitieux mais sans moyens. Un autre cinéma, une autre vision. Son cinéma.
Doté d'une imagination fertile nourrie de lectures ésotériques, d'étrange et de surréalisme, il a porté toutes ses inspirations à l'écran, y incrustant une symbolique propre. De prime abord, le cinéma de Rousseau étonne voire effraie. De ce fait, il n'a jamais eu droit à aucun subside avant 2006. Enchaînant les films, Rousseau n'a plus eu d'autre but que de s'exprimer via la pellicule, y mettant un détonnant mélange de symbolique, d'absurde ou de poésie, sans autre but que le plaisir / le besoin de tourner.
Au bout du compte, Rousseau a développé une liberté créative unique au monde que n'a pas manqué de remarquer Noël Godin, désormais son ami. Malgré les imperfections, le manque de moyen, les problèmes techniques de ses films, il se dégage une poésie, un surréalisme, une vision totalement originale. Chaque film se veut différent des autres, tout en gardant une cohérence propre au cinéaste, des thèmes récurrents, des angoisses ou de l'humour.
Les films de Rousseau ne se critiquent pas à l'aune de la cinéphilie classique. La première fois que l'on visionne l'un de ses films, on en sort étonné. Mais rassurez-vous : JJR aime se jouer de son public. Il emplit ses films de mystère et les termine en points de suspension. Donc vos réactions sont attendues voire souhaitées. Il aime la critique, et il s'en joue avec une facilité déconcertante.
Incompris par la grande majorité des spectateurs, le cinéma de Jean-Jacques Rousseau est toutefois doté d'une symbolique pertinente et d'une audace créative unique au monde. A cela se rajoute un sens de l'absurde, un goût pour la dérision et un humour ravageur. Comprendre les films de Rousseau n'a rien d'aisé, mais dès qu'on en détient les clés de compréhension, ce cinéma en devient fascinant. Le cinéma de JJR ne se visionne pas, il se vit. Pour comprendre son cinéma, il faut comprendre qui il est.
Son ami, guide et acteur Noël Godin ne se trompe peut-être pas en qualifiant le "Ed Wood belge" de génie surréaliste méconnu : « Peu importe les maladresses, il se dégage une liberté totale dans les films de Jean-Jacques Rousseau. »
« Jean-Jacques Rousseau est un cas exceptionnel. Alors que le cinéma belge est le fait d'intellectuels et d'étudiants des écoles de cinéma, lui, il représente le cinéma forain. Sans aide, il n'a pas arrêté de tourner, avec une troupe d'amis, comme Fassbinder. Des copains tout aussi allumés que lui, réunis pour faire le cinéma le plus libre du monde, une splendide fête lyrique. Alors que des cinéastes cherchent un grain de folie sans jamais y arriver, pour lui, c'est un état naturel. Il est très apprécié en France. La bande Canal + l'a adopté. Il est une vedette de l'Étrange Festival de Paris, où il a été ovationné. Il y a ceux qui se moquent et ceux qui trouvent son cinéma sérieux. Dans son cinéma, une poésie se déploie, c'est totalement jouissif. Et incomparable. Rousseau est cinglé dans le sens positif ».
Car oui, Jean-Jacques Rousseau est un poète. Un poète incompris, certes, mais un jour, peut-être, son cinéma sera vu sous un jour nouveau. En attendant, toujours avec des moyens limités mais avec une équipe de fidèles, il continue avec force et conviction. Son travail et son talent sont chaque jour un peu plus reconnus.
« Portant la cagoule, Jean-Jacques Rousseau n'est pas un terroriste mais un inconditionnel du cinéma. Si son visage apparaissait découvert, son âme pourrait être torturée par les forces obscures qui l'animent… »
I.Y.